19 janvier 2006

Lorsque les nouvelles technologies détruisent le progrès

Comme vous n'avez pas manqué de le remarquer en vous baladant sur mon site, j'aime la photo. J'aime être étonné par celle des autres, j'aime en faire moi-même. J'y suis venu pour les besoins de ma thèse sur l'image de synthèse, car à l'époque, le meilleur moyen d'avoir une reproduction flatteuse des images produites par l'ordinateur, c'était de les prendre en photo. Habitué à l'évolution technologique, j'ai vu arriver avec curiosité le numérique en photographie. D'abord intéressé, mais pas encore convaincu, je me disais à l'époque qu'en trois ou quatre ans, le numérique aurait fait suffisamment de progrès et aurait assez baissé son prix pour que je fasse "le grand saut" et que je me sépare de mon appareil, rebaptisé "argentique" pour les besoins du marketing "numérique". Les années ont passé et les articles enthousiastes de la presse spécialisée m'ont bien fait rire (c'est incroyable comme chaque génération a fait disparaître les défauts rédhibitoires que personne n'avait relevé à la génération précédente).

Une chose par contre ne me fait plus du tout rire : ce sont les dégâts incroyables que le numérique a fait à la photographie.

Dégâts pour l'esthète et l'amoureux de l'acte de photographier car tout le charme de la photographie s'est dissout dans une soupe de pixels, de post-traitements et d'histogrammes. On ne dit plus "ce sourire est magnifique, l'expression saisissante" mais "vaouh, ton capteur CMOS plein format a peu de bruit en faible lumière !". Navrant.

Dégâts économiques ensuite. Kodak laminé, photographes du coin obligés de se reconvertir en tireuse photomaton, perte d'originalité des appareils (la plupart sont faits à partir de quelques kits de composants, en mode légo), perte de marques prestigieuses, la dernière étant Minolta, qui, bien qu'ayant essayé un rapprochement avec Konica, n'a pas pu survivre dans l'univers de la photographie.

Qui a gagné quelque chose dans l'histoire ? Pas le photographe amateur ou occasionnel qui paie beaucoup plus cher qu'avant pour, au final, produire des images tout à fait comparables, mais infiniment plus faciles à perdre puisque, figurez-vous, ne plus avoir de tirage papier était présenté comme un progrès supplémentaire.

Pas l'industrie de la photographie qui a été phagocytée par les fabricants de composants électroniques qui se moquent bien de l'image, mais sont effroyablement efficaces pour s'approprier des parts de marché.

Pas les hommes et les femmes de cette industrie qui ont maintenant tout le temps de faire de jolis clichés numériques depuis qu'ils sont au chômage.

Et même pas l'industrie électronique, qui, une fois le marché dévoré et amené à son seuil minimal de rentabilité, ne laissera qu'une terre ravagée.
Des acteurs historiques, il ne va bientôt plus rester que Nikon et Canon, un duopole sur un champ de ruines. Oui, en photographie, l'high tech IT a tué le progrès photographique.

J'ai quand même trouvé ceux qui peuvent se réjouir de l'histoire : les mort-vivants de la sphère financière qui auront pu, en quelques années, réaliser de juteux profits.
Mais eux ne savent pas, et ne saurons sans doute jamais, ce que c'est que de trouver une vieille boîte à chaussures remplie de photos jaunies, de rêver sur des instants heureux et figés, d'être humain et d'aimer se souvenir...

05 janvier 2006

Prévisions astrologiques de la nouvelle année

Bonne année à mes lecteurs qui ont le courage de se plonger dans les méandres de pensées qui, je le rappelle, sont souvent le fruit d'un demi endormissement dû aux transports en commun d'île de France. L'art et la manière d'essayer de bonnifier le temps perdu en transport...

Pour ce premier post de l'année, je vais essayer un nouveau genre : la prédiction astrologique. J'y ai naturellement ajouté quelques améliorations car après tout, ce blog est sérieux.

Premier signe : politicus
Cette année s'annonce inconstestablement comme celle de l'effervescence musclée. 2005 fut assez catastrophique pour les natifs de ce signe qui se sont montrés non seulement incapables d'anticiper, mais plus encore à la peine pour gérer les catastrophes. Entre un scrutin référendaire perdu dans les grandes largeurs (le politicus aurait bien fait de lire mes posts de l'époque) et des émeutes déclenchées par une rhétorique peu châtiée et une méconnaissance sociologique marquée, le politicus a encore diminué le peu de crédibilité que le peuple lui accorde. Une satisfaction tout de même, les natifs du décans de la mairie ont tout de même relevé courageusement le niveau. Un exemple à suivre pour cette nouvelle année.

Institutionnicus
Bien triste état que celui des institutions. Une justice en lambeaux dont Outreau est la caricature, une conduite tricéphale de la France (or chacun sait que le tripode est la construction politique la plus instable qui soit), une constitution chiffonnette et des chambres parlementaires pour intérimaires en quête d'émoluments à défaut de vision politique à défendre, les natifs de ce signe ont eu une année noire, hélas dans la lignée des années précédentes avec une amplification de la dérive. La chance a cependant souri, car au plus fort des émeutes des exclus de la société, aucune force n'a repris la colère à son compte pour achever le malade. Il ne faudra tout de même pas trop compter sur la chance cette année et les institutionnicus auraient tout à gagner à se rependre pour se resourcer, se refonder et se réinventer.

Populus
Les soixantes millions de natifs de ce signe excellent dans un sport au moins : le tir au pigeon électif. Il faut dire que malgré la continuité et la cohérence de leurs votes sanctions, ces mêmes hommes politiques s'obstinent à ne pas comprendre et à espérer que le populus versatile va finir par changer son vôte en leur faveur. Peine perdue car les français sont aussi joueurs qu'obstinés. Je vois tout de même un changement en cette année pré)élective : la technologie qui jusqu'a présent se contentait d'apporter la bonne parole dans les foyers permet de renvoyer un écho, potentiellement fort, dans les états majors politiques. Les blogs politiques où le dialogue est vraiment possible sont encore rares (Juppée, DSK), mais ne doutons pas que les blogs "regardez comme je suis beau" ou "voter pour moi, je suis le meilleur" devront s'étoffer sous peine de méchantes sanctions de la part des populus natifs du décan interneticae. Il reste donc aux natifs de ce signe à prouver qu'ils vallent mieux que les hommes politiques qu'ils se plaisent à vilipender.

Electionnicus
En théorie, cette année s'annonce pauvre en événements, tout au plus quelques scrutins internes aux forces politiques histoire de préparer 2007. Pourtant, le destin pourrait réserver quelques surprises amenant à changer le calendrier prévu. Tout d'abord, les problèmes de fond qui ont amené les émeutes (Cf. les prévisions d'institutionnicus plus haut) ne sont en rien résolus. Nous aurons certes plus de policiers et des discours moins "tum' cherches, k'esce ke t'as à me regarder com' ça", mais il n'empêche que les problèmes sociaux de la banlieue sont intacts. Par ailleurs, au sommet de l'état, deux des pieds du tripode ont intérêt à se dégager les mains du cambouis pour mieux enfoncer les deux autres (ce qui s'appelle faire des pieds et des mains...), le troisième pouvant à tout moment se poser comme arbitre et renvoyer prématurément tout le monde aux urnes. Ajoutons aussi l'âge et les problèmes de santé du capitaine, qui s'est certes remis de son AVC mais, comme le démontre le cas de Sharon, il est des âges où l'on a du mal à se remettre vraiment de ce genre de problèmes de santé. Je ne souhaite pas un tel scénario, ni pour lui ni pour la nation, mais la Vème république semble collectionner les présidents en fin de vie. Sombres augures, sombres perspectives.