24 juin 2005

Un Gin Tony !

L'Europe serait-elle libérée de pesanteurs qui lui avaient figé les neurones ?

Cela a commencé par une libération de la parole du citoyen qui s'est emparé du referendum pour débattre et s'enflammer sur l'Europe telle qu'il la voyait, et surtout pas tel qu'on la lui proposait.

Un vote cataclysmique plus tard, les européens se réunissent pour discuter budget, sujet qui d'habitude n'intéresse que les journalistes férus de moules-frites, et c'est à nouveau l'effervescence.
Notre Don Quichotte national se rend au sommet en espérant se draper d'une nouvelle virginité avec une attaque sur la pingrerie tachérienne de la perfide Albion. Mais, raté, Tony a remplacé Maggie, et c'est une autre paire de Manche que d'attirer l'ire du bon peuple sur le sémillant roastbeef.
Sortie héroïque de Junker qui, malgré le prompt renfort des petits nouveaux trouvant enfin l'occasion de peser pleinement sur une décision, n'arrive pas à sauver, ni le chèque anglais, ni le chek français.

Junker, en vrai leader, se tourne vers le parlement européen et se taille un succès réconfortant. Damned, Tony reprenant l'initiative, retourne ce même parlement, et dans un "new deal" triomphant, semble reprendre une longueur d'avance.
Il faut bien avouer que malgré le courage de Junker, l'opposition au tonique Tony est un peu absente. Laissera-t-on l'arrière anglais partir de sa ligne des 22 et aller jusqu'à Athènes pour marquer un essai décisif ? Un coq se lèvera-t-il pour construire du nouveau et plaquer l'impudent ?

Eh oui, l'Europe politique que chacun rêvait de construire, cette Europe frissonne à cause, ou grâce, à l'opportunisme anglais utilisant à plein le refus au referendum.

Finalement, pour le moment, c'est le seul qui ait entendu les français !

5 juin 2005

Complexité=O(exp(Nounou*Administration)^2)

Notre société est bien faite tout de même ! Comme beaucoup de parents qui travaillent, il a fallu que je fasse garder ma fille. Le problème de trouver une place dans une crêche ne s'est pas posé puisqu'il n'y a pas de crêche autour de mon village.
Heureusement, il y a beaucoup de nounous, qui plus est, sont regroupées en association et finalement, il n'a pas été trop difficile d'en trouver une. Nous nous sommes mis d'accord sur les horraires, le salaire et tout le reste. Simple comme une relation entre êtres humains de bonne volonté.

Seulement voila, une nounou cela s'appelle aussi une assistante maternelle quand l'administration s'en mêle (au passage, on notera le côté sexiste de l'appellation, l'aspect pater n'ayant forcément rien à voir la-dedans). Cela part de bonnes intentions : protection de l'enfance, protection de l'assistante maternelle en tant que salariée, gestion du droit du travail et même subvention pour aider les parents (ou plutôt aide au non-paiement des charges que de toute façon il serait impossible de payer pour l'immense majorité des parents).
Là où cela se gâte, c'est quand arrivent les conditions administratives pour que la nounou ait son agréement d'une part, et que les parents puissent bénéficier de l'aide. Et oui, il y des règles, des plafonds, des comptabilisations de mois sur l'années qui se font en jours ouvrés avec des samedis qui sont ouvrés, mais pas de la même façon que les autres, des taux horaires par tranches fixes, en tenant comptes des jours de congés de la nounou, des parents ; le tout mélangé doit arriver à une somme plafonnée et si vous vous être gourré, c'est tant pis pour la nounou, vous et le bout d'chou.

Si vous n'avez pas tout compris, rassurez-vous, c'est pareil pour tout le monde. Il aurait été si simple de donner le plafond en heure et en montant sur un mois (congés compris). Mais non ! Il doit y avoir un million de bonnes raisons de ne pas faire simple lorsque l'on rédige un texte administratif. Il faut prévoir réglementairement tous les cas, prévenir la fraude, adapter les textes aux futurs contrôles et plus si affinité.

Et bien malgré toutes ces bonnes raisons, il n'en demeure pas moins que c'est inacceptable. Si un texte de loi n'est pas compréhensible et applicable par un citoyen moyen, il doit être poubellisé. La loi n'est pas faite pour justifier l'existence d'une aristocratie à même de le faire appliquer. Il est là pour régler les relations entre citoyens et annoncer les sanctions en cas d'écart.
La démocratie ne réside pas seulement dans de grands principes. La déclinaison en loies simples et justes et une condition nécessaire de son existence.

Heureusement que dans notre république, nous avons toujours apppliqué sans les pervertir, des textes simples et justes.

Hypertrophie du vide

Ca y est, c'est fois c'est sûr, par Vishnu et tous les saints laïcs, cette fois ils ont compris et cela va changer ! Le bon peuple s'est démocratiquement exprimé et a envoyé une pétition de 20 millions de voix à l'Europe (un million suffisait selon notre défunte constitution). Il a exprimé à la France d'en haut (défunte raffarinade) son refus d'une république monarchico aristroc(r)atique.

Le résultat ne s'est d'ailleurs pas fait attendre et... Bruxelles a déjà refusé d'examiner ladite pétition et souhaite aller de l'avant. Mais vers quoi ? Seule consolation, on sait qu'il existe au moins un homme intègre prêt à s'impliquer vraiment pour ses convictions, à savoir le chef du gouverment Luxembourgeois qui a annoncé qu'il démissionnerait en cas de vote négatif dans son pays. Comme quoi, il peut exister de grands hommes dans de minuscules pays placés dans l'ombre de l'immensité de nos errements. Je propose donc que l'on envahisse le Luxembourg dare dare et que l'on mette M. Junker à la tête de la France...

Côté huitième arrondissement de Paris, la France hautaine a promptement réagi en exilant notre inventeur de maximes, mais j'ai un doute quant aux solutions proposées. Un aristrocate pur jus est-il bien à même de faire souffler un vent de démocratie ? Et la présence de Brutus au sein de ce collège d'esprits brillants ne risque-t-elle pas de nous préparer une tragédie à la Racine ?

Côté opposition, c'est plutôt du Corneille :
Entre le oui et le non, mon coeur amer se déchire
Et c'est un bruit de tromblon que font mes soupirs !
Il est vrai qu'il n'est pas simple d'avoir voté oui dans un referendum interne et non au referendum national. Et pour les autres, de dire non à chaque proposition concrête et oui sur les principes.

Poussée passagère de schysophrénie, de nihilisme ? Comme je suis d'une nature optimiste, je dirais que je ne vois là qu'un point d'inflexion de l'histoire. Ces dernières années, notre route s'est déroulée "par habitude", sur sa lancée, au milieu d'un grand vide intellectuel et moral, comme une sorte de vaisseau tombant dans une immense bulle de vide en augmentation. Ce vide hypertrophié semble avoir atteint un maximum et le vaisseau qui tombait a rattrappé les bords. Pschittt comme a dit un grand penseur contemporain.
Il est temps de remettre les choses à plat, de redéfinir les ambitions de nos sociétés, de redéfinir le citoyen et d'avoir le courage d'être les acteurs du changement, en acte et pas seulement avec de pauvres vers qui finissent invariablement par "non".