Vous l'avez compris, Madère est une île très montagneuse et les habitants ont depuis des siècles été obligés de déployer d'énormes efforts d'ingénierie civile : tout est à flanc de falaise ou presque. Du coup, il est difficile de faire 5 km sur la côte sans passer dans un tunnel ou de faire 500m sur le plat. Qu'on se le dise, Madère c'est le triomphe des ponts et chaussées et un défit aux mollets.
Si beaucoup de tunnels sont modernes (les bienfaits de l'union européenne sont bien visibles ici), il arrive que l'on en traverse certains dont la roche taillée à coup de pioche et d'explosif et l'eau qui dégouline vous ferons entrer dans un autre monde.

Routes et tunels de Madère par Ph. RIS

Il est également déconseillé d'explorer les petites routes.

Alors que nous nous baladions sur la côte nord, nous avons voulu repiquer vers le centre de l'île en évitant la quatre voies. Apercevant une route qui semblait aller dans la bonne direction, rassuré par son bon état, nous l'avons empruntée. Mauvaise idée.
Très rapidement, la pente nous a obligé à passer en deuxième, puis en première. Madère, ça grimpe.
La route continue de serpenter et se trouve soudain encadrée à droite par une levadas, et à gauche par un ravin qui grandit rapidement. Demi-tour impossible, nous avançons donc.
La route nous amène alors vers une zone encore plus étroite en taillant à travers la colline. Les rétroviseurs commençant à toucher les feuilles de part et d'autre, nous ralentissons. Mauvaise idée.
Quand on ralentit en première sur une rampe de lancement de fusée, forcément on cale. Debout sur la pédale de frein, je me prépare à un redémarrage en côte. Frein à main serré, lancement du moteur, je lâche la pédale de frein pour accélérer. Mauvaise idée.
Malgré le frein à main serré, la voiture recule ! Vroum, recalage. Le nez de la voiture entre deux murs, la levadas à droite, le ravin à l'arrière gauche.
Finalement, en reculant avec toutes les précautions possibles, nous arrivons sur une portion moins raide de la côte qui nous permet de faire le démarrage en côte. Cette fois, il faut passer coûte que coûte, même en chatouillant les plantes. Ouf, 200m plus loin, nous rejoignons une route prévue pour les touristes en goguette.