21 juillet 2005

Holly-Neuneu-Wood

Il fut un temps où le cinéma d’Hollywood racontait de jolies histoires qui vous transportaient pendant 1h30 dans d’autres contrées. Il fut un temps où le cinéma d’Hollywood était le rempart de l’Amérique face au fascisme du Maccarthysme.

Eh bien manifestement, c’était il y a longtemps !

Pour un Michael Moore se débattant comme il peut contre la stérilisation rampante des esprits, on trouve un ramassis de réalisateurs qui, derrière des films de plus en plus convenus, vous glissent des messages de moins en moins subliminaux. Et pas forcément des réalisateurs de seconde zone qui cherchent à sortir du chômage.
Je suis allé voir la semaine dernière “ La guerre des mondes ” de Spielberg. Je veux bien excuser la faiblesse générale du scénario : après tout, HG Welles l’a écrit en 1898 et il n’est pas étonnant que ce qui était très novateur à l’époque puisse paraître gentillet aujourd’hui. J’ai un peu plus de mal à trouver satisfaisante la morale d’une histoire qui veut qu’un paumé qui a raté sa vie d’homme regagne quelque crédibilité aux yeux de ses enfants en trucidant un ex ambulancier un peu trop va-t-en guerre. Globalement, c’était déjà mal parti, mais chaque réalisateur a le droit de faire un mauvais film.
Ce qui m’énerve beaucoup plus ce sont les sous-entendus politiques mesquins qui sont lancés en douce et d’un air anodin :
- la bonne Amérique subit une attaque qui “ vient de loin ” et un naïf enfant demande si cela vient “ d’Europe ”. Sans blague !
- et que penser de ce devoir à finir et qui concerne “ l’occupation française en Algérie ” ? Cela aurait pu être marrant si le devoir avait concerné l’Indochine, mais quand on sait que l’américain moyen a un peu de mal à savoir où situer la France sur une carte, on peut avoir des doutes sur le fait que les petits américains aient à plancher sur la décolonisation, ou plutôt l’infâme occupation d’un pays par les vilains français.

Mais à vrai dire, la guerre des mondes n’est pas le premier film où j’ai des doutes sur les motifs des réalisateurs. Troie de Wolfgang Petersen m’avait déjà étonné. D’abord par la vision ridicule du monde antique (personne ne les a prévenus que les Grecs ont construit à l’origine de vrais temples et pas des temples en ruine ?), mais aussi par la désagréable impression d’être devant un film de propagande. Que penser de ce débarquement de GI en jupette façon 18 juin qui après une attaque héroïque prennent le temple du mauvais dieu (Apollon) avant de couper la tête à sa statue ? Ai-je vraiment un esprit tordu si, en pleine guerre du golfe, j’ai eu l’impression que c’était une référence au débarquement de soldats américain en Irak cherchant à couper la tête du vilain dieu local au nom de Bush-Agamemnon?

J’espère qu’un jour un souffle d’indépendance artistique soufflera à nouveau sur Hollywood. En attendant, je m’abstiendrai d’aller voir des navets de propagande racontant l’histoire d’un blondinet en jupette ou d’un nain pusillanime. La propagande est la soupe des faibles !

8 juillet 2005

La philosophie des bombes

Comme nos armées et notre technologie nous ont rendu faibles ! L'usage du terrorisme, de l'assassinat politique, de l'enlèvement, sont des armes aussi vieilles que la sauvagerie imbécile de l'homme. Depuis l'aube de la société, n'importe quel frustré pouvait les utiliser pour se donner de l'importance, et se griser de la douleur de ceux qui lui renvoyaient l'image du vide de sa misérable existence. Méprisable vampire nihiliste.
Mais de tous ces vampires passés, l'histoire n'a retenu que peu de choses, juste une sorte de grippe passagère sur la marche du progrès moral et de l'élévation des sociétés.
Il en a été ainsi parce qu'au delà des vies perdues, des bâtiments brûlés et du sang versé, la grandeur et la vitalité des peuples réside dans leurs valeurs, leurs idées, leur générosité envers les générations à venir, alors qu'au delà des bombes, les vampires ne font entendre que le silence du vide de leur tête.

Mais aujourd'hui, les gouvernements que nous nous sommes choisis (ou laissé choisir), ne semblent pas avoir grand chose à répondre. Combien sont vaines ces déclarations compassées déclamées avec la même ferveur que la lutte contre les crottes de chiens ! Combien sont risibles ces gloseries sur la couleur des plans de lutte anti-terroristes ! Combien sont honteuses ces guerres sous la bannière anti-terroristes qui ne sont que des opérations commerciales.
Demain, je peux moi aussi mourir blasté dans une rame de métro, mais, en dépit des déficiences morales et intellectuelles de nos gouvernements, je veux crier que la grandeur de la société qui est la mienne réside dans ses efforts à créer un parlement des nations, à créer un tribunal où le droit du monde pourra être dit, à créer des forces militaires qui réussissent à endiguer des conflits, à laisser aux générations à venir des espoirs d'équité, de paix, de liberté, de justice. Même si ce que nous avons déjà construit est très imparfait, il est infiniment supérieur au nihilisme fasciste de ceux qui font beaucoup de bruit avec leurs bombes mais ne lèguent que la douleur et le chaos à leurs enfants.

Les bombes peuvent tuer les hommes, elles n'ont jamais réussi à détruire la noblesse et l'héritage des hommes justes.