S'il n'y a pas eu de post nouveau, c'est que je reviens tout juste de vacances : patience...



24 septembre 2005

Fin d'un millénaire de certitudes

Le XIXème siècle peut être vu comme le siècle des réussites technologiques qui mènent aux certitudes. La révolution industrielle et une pensée positiviste amenèrent les scientifiques à être tellement sûr d'eux-même qu'ils envisagèrent la fin, c'est à dire l'aboutissement de la science. Les physiciens semblaient comprendre le monde, à l'exception d'un ou deux détails comme la nature de la lumière. De même les mathématiciens envisageaient déjà leur univers à travers un prisme axiomatique, ensemble restreint de certitudes mathématiques d'où pourraient découler tout le reste par dérivation logique.
Le début du XXème siècle fut prompt à atomiser cet océan de certitudes ; relativité, physique quantique et théorème d'incomplétude permirent à chacun de contempler l'océan de notre ignorance.

Il n'en fut pas de même en ce qui concerne les sciences politiques. Produit direct de la pensée newtonienne et déterministe de cette époque, le marxiste se développa aux XXème siècle et, malgré l'éffondrement catastrophique du monde soviétique sous le poids de son incohérence, survit encore aujourd'hui sous la forme d'une nostalgie utopique et conservatrice. Mais l'illusion qu'une action réfléchie, scientifique et volontaire pouvant agir de façon déterministe sur la société ou les organisations humaines pris et prend encore bien d'autres formes. Le fordisme voulu mettre en musique rythmée les organisations industrielles, nos politiques économiques empruntent toutes le chemin tracé par de dociles équations dont seules la valeur des paramètres seraient à fixer pour obtenir le résultat cherché.
Or, même si ces cheminements intellectuels mènent parfois à des succès, ces sciences politiques doivent avouer leur impuissance à atteindre de cette manière le résultat espéré : nos sociétés n'arrivent pas à érradiquer la pauvreté, l'exclusion et les injustices alors même que la richesse des sociétés occidentales a crû d'une façon extraordinaire au siècle dernier, en partie d'ailleurs grâce à ce modèle de pensée.

Alors, ne nous reste-t-il plus rien d'autre que l'impuissance libérale (puisque nous ne savons pas quoi faire, laissons faire les choses et croyons que cela nous conduira à un monde meilleur) ou un conservatisme peureux (surtout ne bougeons plus et gèrons le pire) ? Si la physique quantique ne sait pas tout dire d'une particule à un instant donné, cela ne l'empêche pas de travailler sur cette particule et de donner des résultats utiles. Alors pourquoi les sciences politiques ne pourraient-elles permettrent d'agir structurellement sur la société, dans le but d'accumuler les éléments favorables à la progression du bonheur des hommes, sans tracer péremptoirement de chemins définitifs qui ne mènent finalement pas au but cherché ?
Aujourd'hui nous nous satisfaisons un peu facilement d'institutions qui ne favorisent guère les vertus politiques ni citoyennes : est-il si étonnant d'obtenir des résultats peu vertueux et une si faible citoyenneté ? Travaillons à construire des institutions qui favorisent la vertu politique et la mise en pratique d'idées volontaires et humanistes en lieu et place de celles qui favorisent la capacité à baratiner et à encaisser jusqu'à ce que le vent tourne, ainsi que celles qui se focalisent sur une gestion aussi frileuse que mauvaise.

5 septembre 2005

Egalité des sexes : errement autour d'un long chemin

Parmi les progrès à mettre à l'actif du siècle dernier, la marche vers l'égalité des sexes tient une place non négligeable. Notre société peut s'enorgueillir de ne plus considérer les femmes comme des citoyennes sous tutelle, d'avoir mis en place des politiques de prévention médicale qui en ont fini avec une vision fataliste de la mortalité féminine (pauvres êtres que la nature a doté d'une constitution si fragile), d'avoir largement ouvert les portes de l'éducation et du travail. Et même si aucun combat n'est définitivement gagné en la matière, celui qui aujourd'hui est considéré comme étant en marge de la société, c'est bien ceux qui se réfère à la femme comme un pauvre petite chose devant ses fourneaux.

Tout n'irait pas trop mal si l'égalité effective qui continue à se mettre en place ne se révélait pas en contradiction avec des mécanismes profondément structurant pour les hommes et les femmes de cette société. Quel est le problème ?
L'ancien modèle sexiste partait du principe que les femmes étaient des proies (ou des victimes) et que les hommes étaient les prédateurs (ou des agresseurs), ce qui au passage est sans doute l'héritage de nos origines. La société tempérait ce principe par les lois, le mode de vie et autant que faire se peut par l'éducation. En l'occurrence, on essayait d'apprendre au petit garçon à maîtriser son agressivité, à ne pas user de sa force contre les femmes. La généralisation de l'égalité des sexes n'a pas entraîné de changements majeurs dans l'éducation des garçons, mais elle semble avoir un impact détestable et imprévu sur celui des filles : dans une société où l'égalité est le postulat de base, elles découvrent beaucoup plus facilement leurs capacités à devenir des prédateurs et contrairement aux garçons, rien de les a préparé à empêcher cela.
De tels comportements se remarquent dans des faits divers plus ou moins récents où des filles (généralement jeunes) ont eu des comportements barbares volontaires (séquestration suivis d'humiliation, voire de torture), des comportements de groupes violents, ou des actions de destructions gratuites comme dernièrement à l' Hay aux roses.

On découvre que ces comportements sont moins une résultante génétique qu'une déficience d'éducation sociale, et ce n'est pas rassurant vu le déficit éducatif de notre société.