Cyber Bébé
Ma fille a eu son premier vrai Noël cette année. Noël est par essence la fête familiale qui fait le lien entre les générations de la
famille, et construit les futurs souvenirs de l'enfant avec des éclats des propres souvenirs d'enfant des adultes. Je ne m'attendais donc pas à tirer des enseignements
prospectifs d'une telle journée. Eh bien, j'avais tord.
A un an, les cadeaux de ma filles sont orientés vers la traditionnelle peluche câlin et les jouets d'éveil. Cela est sans doute le résultat de quelques décennies de discours sur la psychologie et l'éducation des enfants, mais surtout celui d'une reprise réussie par quelques marketteurs efficaces : il faut solliciter le bout d'chou, stimuler son attention, abreuver sa soif de découverte. Naïvement, j'en étais resté à la chanson des crocrodiles, aux palets à empiler et aux formes colorées à faire passer dans des trous.
Papa, t'es pas dans le coup, bébé communique avec le monde par l'électronique.
Eh oui, les casseroles aussi chantent maintenant, et reconnaissent qu'elles sont les unes dans les autres lorsqu'on les empile, ou qu'elles sont dehors. La poupée discute, pose des questions et exprime sa joie lorsque l'on répond. Quant à la chaise, elle chante lorsque l'on s'assoie dessus et dit rouge lorsque la lampe est rouge. Dans le monde cybernétique de bébé, les objets communiquent de façon cohérente avec lui. Et voila un bien étrange monde en vérité, car il est bien plus avancé et étendu que le mien. Après tout, pourquoi ma chaise banale ne pourrait-elle pas devenir elle aussi cybernétique, m'accueillir, prendre ma position assise préférée voire me masser ou me réchauffer le dos. Et lorsque je suis à mon bureau, ma lumière à moi est bien passive comparée à celle de ma fille : j'aimerais qu'elle me demande si elle doit s'allumer lorsque la luminosité diminue, ou qu'elle s'éteigne toute seule lorsque je ne suis plus dans la pièce. Et pourquoi s'arrêter là ? Pourquoi ne pas étendre mon champ de perception et d'acquisition d'information au delà de mes limites d'aujourd'hui. A un niveau simple, ma fille communique avec une poupée. Dans un monde d'adulte, où que je sois, j'aimerais faire de même en communiquant avec mon ordinateur qui, ouvert sur internet, pourrait m'apporter à la demande toutes les informations du monde. Ce monde d'adulte cybernétique n'est pas une nouveauté, mais pour moi, c'était jusqu'à ce Noël le monde de Star Trek. Or j'ai découvert, qu'à son échelle de bébé, ma fille vivait déjà dans un tel monde. Et il y a fort à parier que la technologie suivra l'évolution de mon cyber bébé et qu'elle vivra dans un environnement qui repoussera technologiquement les frontières de son identité d'être humain : perception incroyablement étendue, possibilités d'action incroyablement démultipliées. Homo cyber sapiens est en train de naître sous nos yeux.
A un an, les cadeaux de ma filles sont orientés vers la traditionnelle peluche câlin et les jouets d'éveil. Cela est sans doute le résultat de quelques décennies de discours sur la psychologie et l'éducation des enfants, mais surtout celui d'une reprise réussie par quelques marketteurs efficaces : il faut solliciter le bout d'chou, stimuler son attention, abreuver sa soif de découverte. Naïvement, j'en étais resté à la chanson des crocrodiles, aux palets à empiler et aux formes colorées à faire passer dans des trous.
Papa, t'es pas dans le coup, bébé communique avec le monde par l'électronique.
Eh oui, les casseroles aussi chantent maintenant, et reconnaissent qu'elles sont les unes dans les autres lorsqu'on les empile, ou qu'elles sont dehors. La poupée discute, pose des questions et exprime sa joie lorsque l'on répond. Quant à la chaise, elle chante lorsque l'on s'assoie dessus et dit rouge lorsque la lampe est rouge. Dans le monde cybernétique de bébé, les objets communiquent de façon cohérente avec lui. Et voila un bien étrange monde en vérité, car il est bien plus avancé et étendu que le mien. Après tout, pourquoi ma chaise banale ne pourrait-elle pas devenir elle aussi cybernétique, m'accueillir, prendre ma position assise préférée voire me masser ou me réchauffer le dos. Et lorsque je suis à mon bureau, ma lumière à moi est bien passive comparée à celle de ma fille : j'aimerais qu'elle me demande si elle doit s'allumer lorsque la luminosité diminue, ou qu'elle s'éteigne toute seule lorsque je ne suis plus dans la pièce. Et pourquoi s'arrêter là ? Pourquoi ne pas étendre mon champ de perception et d'acquisition d'information au delà de mes limites d'aujourd'hui. A un niveau simple, ma fille communique avec une poupée. Dans un monde d'adulte, où que je sois, j'aimerais faire de même en communiquant avec mon ordinateur qui, ouvert sur internet, pourrait m'apporter à la demande toutes les informations du monde. Ce monde d'adulte cybernétique n'est pas une nouveauté, mais pour moi, c'était jusqu'à ce Noël le monde de Star Trek. Or j'ai découvert, qu'à son échelle de bébé, ma fille vivait déjà dans un tel monde. Et il y a fort à parier que la technologie suivra l'évolution de mon cyber bébé et qu'elle vivra dans un environnement qui repoussera technologiquement les frontières de son identité d'être humain : perception incroyablement étendue, possibilités d'action incroyablement démultipliées. Homo cyber sapiens est en train de naître sous nos yeux.
